La perversion narcissique est un terme dans l’ère du temps, souvent généralisé à tort afin de décrire certaines personnalités pathologiques. C’est un mot valise, dans lequel on y place toute personne manipulatrice, séductrice ou encore insistante. La perversion narcissique est toutefois un trouble grave, dont il est vital de parler et de faire connaître. D’où vient ce trouble ? Mon enfant peut-il être un pervers narcissique ?
L’enfant
C’est aujourd’hui un fait bien connu : la projection parentale a un impact énorme sinon quasi totale sur l’enfant. Il est donc important de prendre du recul sur la situation, de se dépositionner, et de ne pas étiqueter son enfant dans une case au moindre doute qu’un de ses comportements suscite. (tenter au supermarché de recevoir un nouveau jouet ne fait pas de lui un manipulateur pathologique, mais un enfant en pleine construction).
Les enfants manipulateurs sont nombreux. C’est presque un phénomène de société, en lien direct avec la montée en puissance de l’individualisme collectif et d’un narcissisme toujours plus exacerbé. Les enfants ont d’autant plus besoin d’être narcissiques, que c’est une construction nécessaire par laquelle tout individu passe. Ils cherchent à tirer avantage de chaque situation, tout autant que de construire leurs limites et de tester celles des autres.
Il est important de prendre le temps d’observer, d’accompagner son enfant. En cas de doute sur une manipulation perverse ou pathologique, il est de bonne augure de se questionner et de s’informer sur le sujet. Faire appel à un professionnel est également envisageable.
Effectivement, les relations toxiques sont aliénantes. Elles le sont d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un membre de sa famille. C’est une situation d’autant plus difficile de le réaliser et de le vivre lorsqu’il s’agit de son propre enfant et que la culpabilité est reine.
La perversion narcissique : rappel
Rappelons tout d’abord que le narcissisme est vital. C’est une caractéristique saine du développement de l’esprit humain, qui consiste à se porter de l’amour. Un amour primaire de soi à soi, permettant de puiser l’énergie vitale nécessaire afin de se nourrir ou de prendre le temps de se reposer.
En réalité, une personne atteinte de perversion narcissique est une personne malade. Son trouble de la personnalité narcissique est pathologique, et fondé sur la base d’un déni psychique : il n’est pas conscient de son trouble, et ne le sera jamais. Son esprit s’est divisé à la suite d'une cassure dans l’enfance. Par conséquent, son narcissisme est sur- ou sous-développé, dans un des deux extrêmes.
Le pervers narcissique a une image si dévalorisante de lui-même, qu’il rabaisse les autres pour se valoriser. Il projette ainsi sa haine sur l’autre, et c’est ce qui caractérise sa perversion narcissique. Il se nourrit ainsi de la souffrance de sa victime, et ne ressent plus la sienne : il est au-dessus, sur-puissant.
Les traits de la perversion narcissique sont complexes à identifier, car les pervers manipulateurs agissent via des stratagèmes pointus et dissimulés (manipulation, chantage affectif, emprise, violences psychologiques). Ils n’ont de plus aucun remords, ne ressentent ni émotion, ni empathie. De véritables vampires émotionnels dont l’unique but est la destruction de l’autre. C’est ce qui fait d’eux des personnages toxiques et dangereux.
Origines de la perversion
“On ne naît pas manipulateur, on le devient. “ La perversion narcissique n’est pas un virus que l’on attrape, mais un trouble de la personnalité qui se développe dans la jeune enfance (vers 5 ou 6 ans). Un enfant à l’origine manipulateur (pour les causes que nous évoquerons ci-dessous) peut potentiellement se structurer sur la base de la perversion narcissique.
Les causes de cette maladie psychique et pathologique ne sont pas clairement établies. Elles divergent de plus, selon les malades.
En effet, le pervers narcissique ignore qu’il est malade. Il est de plus dans un déni tel qu'il lui est impossible d’une quelconque remise en question ou prise de conscience. C’est structurellement impossible, et pas même l’amour le plus sincère ne pourrait le lui faire entrevoir. Par conséquent, il est d’autant plus complexe de définir les origines exactes de la perversion, car le thérapeute n’est jamais confronté directement à un pervers narcissique.
“Le pervers est un malade qui s’ignore.”
Facteurs potentiels
Certaines origines et causes ont cependant pu être mises en avant :
- Une pression excessive sur l’enfant, une éducation trop stricte et des règles trop militaires. L’enfant n’a alors pas la place psychique pour se développer sainement : on lui dicte ses faits et gestes et son autonomisation n’est pas travaillée autrement que par des règles pré-définies.
- Subir des abus émotifs, un manque d’affection, un dénigrement parental. Cela crée des blessures chez l’enfant qui ne développe pas une estime suffisante, ne réalise pas son potentiel, et crée une faille narcissique immense.
- Sur le pôle inverse, une éducation trop couvrante et surprotectrice, une valorisation de l’immaturité. L’enfant est trop couvé. Il est le centre du monde de ses parents et se développe dans une toute puissance narcissique : il est le roi.
- Un événement traumatique (ou plusieurs) ayant porté atteinte à son intériorité peut également être à l’origine de la perversion narcissique.
- L’enfant peut également être formé à l’école de la manipulation, via un potentiel mimétisme si un de ses parents l’est. Un facteur environnemental et social, donc.
- Enfin, une incapacité de résilience, une sensibilité accrue et un seuil de tolérance bas à la frustration et aux ordres. L’enfant les reçoit potentiellement comme des attaques et non comme partie à part entière de son éducation et de la délimitation des limites.
En conséquence de ces facteurs, singuliers ou conjoints, l’enfant met en place des mécanismes de défense. Contre des agressions, des attaques envers son intériorité, un manque à palier, pour dépasser une sensibilité accrue ou même un traumatisme. L’enfant brime ses émotions au point de ne plus ressentir et les enterrer à jamais.
Les comportements alarmants d’un enfant pervers narcissique
Tout comme chaque individu est différent, chaque enfant, adulte pervers narcissique en devenir peut l’être aussi. Voici cependant quelques comportements significatifs de la perversion narcissique. Aucun signe n’est à isoler, c’est lorsque l’ensemble fusionne qu’il est important de s’alerter.
“Manipulation, mensonge, culpabilisation, chantage affectif, vampirisation émotionnelle, position de victime, changement de sujet constant, divisent l’entourage, ne reconnaissent jamais leurs torts, jalousie, mépris pour autrui, sème le doute et la confusion, communication floue, visages multiples, propension au conflit, superlatifs, comportements différents selon les situations, font le contraire de ce qu’ils disent, font du mal aux autres, passe d’une humeur à l’autre en une fraction de seconde, égocentriques, attrait pathologique pour l’argent..”
La liste est longue et non exhaustive. Pour eux, les autres ne sont que des pions. Des objets comme faire valoir de leur toute puissance narcissique. Ils aiment manipuler pour mieux resserrer l’étau de l’emprise et profiter de leur(s) victime(s).
Face à cette situation, le parent ou l’entourage proche du manipulateur est souvent démuni. Que se passe-t-il ? Comment résoudre ce problème ? Est-ce de ma faute ?
En complément des comportements de l’enfant, se tourner vers ses propres ressentis et émotions est également un instrument de mesure. Ressentir de la dépression, de l’anxiété, voire être confronté à des violences psychiques de la part de son enfant, ou à la sensation d’une vie détruite n’est pas anodin. L’Homme est par instinct programmé pour aimer son enfant “quoi qu’il en coûte”, mais c’est aussi le terreau d’une emprise imparable pour un enfant pervers narcissique.
Quelques conseils face à un enfant pervers narcissique ?
Désemparé(e), vous ne savez plus quoi faire, voici 10 conseils afin d’y faire face :
- Se faire aider. L'enfant dispose de plusieurs astuces traumatisantes pour tyranniser ses parents et les pousser à bout. Ainsi, rechercher un professionnel compétent (thérapeute spécialisé en perversion narcissique) en la matière est un début indispensable à la compréhension de la pathologie, et la mise en place d’un certain cadrage. Être patient et déterminé dans l’optique d’un travail thérapeutique.
- Admettre que son enfant est un pervers narcissique et déculpabiliser. Se dégager du rôle de victime et de coupable du comportement est primordial. Vous n’êtes pas coupable de son développement, et vous êtes et resterez le parent, l’adulte compétent.
- Ne pas lui dire qu’il est malade. Incapable d’une quelconque compréhension de sa pathologie de par sa structure (et son jeune âge), il se servirait de plus de cette information pour vous punir d’avantage et retourner la situation contre vous, se faisant passer pour la victime ou en redoublant ses attaques à votre égard.
- Poser des limites. Osez l’affronter et ne vous laissez pas faire : vous êtes l’adulte, le parent. Ne vous justifiez pas, vous êtes en position de force. S’il tente de vous culpabiliser de ces nouvelles règles, restez ferme.
- Ne pas se laisser prendre au piège. Affichez une indifférence des plus totale afin de le dissuader de vous martyriser. Ne cédez à aucune de ses provocations.
- Ne lui demandez rien, n’attendez rien en retour. Il est en incapacité de vous le fournir, et le retournera de toute façon contre vous dans une optique de vampirisation et de destruction.
- Prendre de la distance, du recul. Il faut saisir que votre enfant est dans une dynamique déséquilibrée et qu’il vampirise votre énergie jusqu’au dernier souffle. Mettre les choses à distance est donc primordial.
- Adoptez des stratégies. Ne montrez rien, car il ne perçoit ni ne ressent votre souffrance (au contraire, c’est son moteur). Coupez toute communication quand c’est nécessaire, et n’hésitez pas à contre-manipuler.
- Ne pas vous sacrifier. Même s’il s’agit de votre enfant, que vous l'avez mis au monde, il vous malmène : il est malade. Ne sacrifiez donc plus votre plaisir ni votre joie.
- Travaillez sur vous. Enfin, et c’est un point essentiel, travaillez sur vous. Cessez de subir, et réapprenez à vous affirmer. C’est essentiel et bénéfique pour vous, tout comme vos proches (conjoint, fratrie..). L’aide d’un thérapeute en ligne est parfois (et préférable) pour se relever d’une telle situation. Penser à soi, c’est aussi réapprendre la sérénité et changer de regard sur la vie.