Le pervers narcissique obtient haut la main la palme d’or de la personne vicieuse et manipulatrice. Cet individu pathologique est un véritable danger pour quiconque traverse son chemin. Il est destructeur avec son entourage et ses victimes et on peut lui attribuer le tableau des pires violences humaines. Même s’il est difficile de saisir l’intégralité du fonctionnement trouble du pervers narcissique, peut-on toutefois lui rajouter la ligne de l’infidélité ?
1. Un séducteur
Forcé de constater que le pervers narcissique est un individu dont le caractère est destructeur et pathologique, il va de soi qu’il agit uniquement et constamment dans son intérêt. Il ne considère pas l’autre, qui n’est qu’un pantin de son jeu macabre. L’infidélité n’est pas toujours son outil favori, mais il ne l'exclut pas, et varie selon les individus. Voici pourquoi.
En effet, le pervers narcissique aime séduire. C’est même une de ses caractéristiques primaires : il aime séduire et plaire, être au centre de l'attention et se présenter sous son meilleur jour quelque soit la situation. Il joue de son charisme et de son charme, pour s’élever en société et envoûter sa proie. C’est un véritable Don Juan qu’il est difficile de ne pas remarquer.
Le pervers manipulateur vit dans l’instant. Il aime séduire le monde entier, de votre animal de compagnie à votre directeur de banque. Il rend les gens accro, et c’est une source de challenge pour lui. En séduisant, il se conforte dans son image et dans sa beauté digne du plus détaillé mythe de Narcisse. La séduction est une source d’approvisionnement narcissique.
Par dessus tout, séduire et être infidèle est une source de risque (risquer de se faire prendre). C’est un risque fort de chaos et de challenge dans son quotidien tranquille sans faille. Il aime s’en vanter. C’est de plus un accomplissement pour lui, une conquête supplémentaire qui vient conforter sa toute puissance narcissique. C’est un moyen pour lui d’exister.
Véritable prédateur social, il a une faible tolérance à l’ennui et aime la stimulation pour ne pas faire face à son chaos intérieur. Le pervers narcissique ressent un besoin permanent de stimulation comme contre symptôme de son vide intérieur.
2. Sans sentiment ni morale
Sentiments du pervers narcissique
Ressentir, éprouver des sentiments, des sensations, n’est pas quelque chose que le pervers narcissique est en capacité de percevoir. Il est comme un pantin de cire : il ne ressent rien, pas la moindre once d’amour ni de tristesse. Il est vide, déshumanisé. Le pervers manipulateur n’est pas en couple par amour, seulement par intérêt. Et si parfois il le feint, c’est pour mieux garder sa victime sous emprise. Le pervers narcissique fonctionne par mimétisme et ne renvoie à l’autre que ce qu’il désire recevoir. C’est un caméléon social et émotionnel.
Le pervers narcissique est en couple pour sécuriser sa proie. Celle qui lui est le plus fidèle, dans un îlot de stabilité sur lequel il règne en maître. Il sait ainsi qu’il a un noyau dur autour de lui, quelqu’un qui l’admire, l'encense, et pour qui il est le roi du monde. Mais le manipulateur toxique et pathologique aime aussi séduire et renforcer son narcissisme. C’est sans compter sur la triangularisation qu’il installe dans la relation en faisant ressentir à son conjoint qu’il est interchangeable et qu’il y a mieux ailleurs. C’est également un moyen de maintenir son partenaire sous emprise, dans un cercle vicieux d’humiliation, de manque de respect et de trahison. Une logique bien loin d’un conte de fée..
En réalité, un pervers narcissique ne se sent pas infidèle. Il ne se sent pas non plus fidèle, car c’est une notion qui lui échappe. Dénué de tout sentiment, il ne ressent rien et le concept de fidélité lui est inconnu. Il n’éprouve pas d'attachement envers quiconque. S’il donne cette impression, c’est pour mieux maîtriser la situation et donner juste ce qu’il faut pour garder le contrôle et nourrir d’espoir sa victime et son entourage.
Morale et éthique du pervers narcissique
Le pervers narcissique est donc un atome volatile, dénué de sentiment. Il se contente de parcourir le monde dans une quête excessive de destruction.
Parallèlement, le pervers manipulateur se considère au-dessus des lois et de la morale. Il n’a aucune éthique, et ce concept lui est non seulement inconnu mais il lui est aussi inatteignable. S’il l’imite parfois, c’est par pur mimétisme social. Il est dénué d’intériorité et n’éprouve rien. Sans éthique, la tricherie, la trahison et la manipulation sont rois. Et c’est une description on ne peut plus exacte de la perversion narcissique.
Car si ne pas être fidèle est aussi le non-respect d’un engagement moral et éthique, c’est parce que le pervers narcissique ne s’engage pas. Il n’engage ni émotion, ni part de lui-même. Tout est de facade. Le respect, la considération et la prise en compte de l’autre sont anecdotiques sinon invisibles. Il se sent supérieur, et s’octroie la place de roi du monde. Celui qui est au-dessus des lois et de la morale. Il ne connaît ni limite ni condition, c’est lui qui décide.
Cependant, il est possible pour le pervers narcissique de faire croire à sa victime et à son entourage qu’il est amoureux, fidèle, investit. C’est un moyen direct de faire souffrir sa victime et de la culpabiliser. C’est une menace permanente sur les épaules de sa victime. Il peut également séduire une personne alors même que son partenaire est à côté, afin de lui manquer de respect par choix. Lui prouver qu’il mène la danse.
Parfois à l’inverse, il peut avoir peur d’être pris la main dans le sac selon la situation sociale et la culture dans laquelle il évolue. Car selon les codes sociétaux, il pourrait perdre son image de Monsieur Parfait, et c’est la pire crainte pour ce pervers pathologique.
3. Un partenaire objet ?
Si le pervers narcissique n’a pas de sentiment pour son conjoint, que recherche-t-il ? La fonction d’objet et de faire valoir.
En réalité, le pervers polymorphe ne s’entoure que de personnes qui lui sont utiles. Il ne voit pas en l’autre une personne, mais ce qu’elle lui apporte. Elle lui permet d’avoir une belle image, de lui rendre des services, de profiter d’une opportunité. La victime d’un pervers narcissique ne remplit qu’une fonction. C’est une pièce rapportée.
Il retire alors de son infidélité deux tableaux. Le premier est de détruire son conjoint, et de jouir de sa souffrance. Le second est de retirer de la toute puissance narcissique de l’infidélité en contrôlant la situation et en se prouvant à lui et aux autres, qu’il est le meilleur. C’est un moyen pour le pervers narcissique manipulateur de sécuriser une sorte de nourriture narcissique dont il est vital qu’il obtienne pour se nourrir, à l’image des vampires et du sang. Une sorte de stock d’énergie perverse qu’il emmagasine et range dans ses tiroirs.
Le conjoint victime
On ne peut évoquer l’infidélité du pervers narcissique sans évoquer son conjoint, sans quoi il ne serait pas infidèle mais simple séducteur. Être infidèle permet au pervers narcissique de réaffirmer toujours plus sa supériorité face à son conjoint victime. C’est lui qui dirige et fixe les règles et les lois, il est tout puissant et unique.
Sa victime éprouve ainsi de la trahison et de la tromperie de la part de celui qu’elle aime. Elle souffre, et le pervers narcissique pathologique s’en nourrit. Il la fait également culpabiliser. S’il va voir ailleurs, c’est car elle ne le comble pas. Elle est donc inférieure, et culpabilise. C’est une aubaine de sentiments douloureux dont le pervers manipulateur se nourrit.
La relation qu’il entretient avec sa victime lui permet de la placer toujours plus sous son joug, de la martyriser, et d’encore plus lui faire miroiter le risque d’être remplacée par une autre.
Cela lui permet également d’entretenir une image sociale de normalité pendant qu’il s’adonne à ses jeux pervers. Lui, le bon mari, le bon père de famille dont la situation sociale est enviable. Un joli tableau de famille pas si parfait.
La sexualité et dans ce cas précis l'infidélité, est alors une arme de destruction massive d’une part, et d’un faire valoir narcissique de l’autre. Il détruit sa victime d’un côté en se nourrissant de sa souffrance et met tout en œuvre de l’autre, pour obtenir admiration, attention et nourriture narcissique (issue de la culpabilisation, de la peur, des émotions de sa victime). C’est le combo gagnant, la situation idéale par excellence : sa nourriture narcissique est abondante.
L’infidélité du PN
L’infidélité de l’autre côté, est dans cette ligne continue une autre source de nourriture narcissique. Il les cumule et les multiplie tant sa soif perverse n’est jamais comblée.
Le pervers narcissique aime dominer. Lorsqu’il est infidèle, c’est par pur égoïsme et égocentrisme. Seul son plaisir compte, et il n’hésite pas à utiliser ce moyen qu’est la sexualité pour rabaisser, humilier, dominer. C’est aussi l’occasion pour lui de montrer à quel point il est fort. Il vit sa toute puissance ainsi, et s’en nourrit. Il est l’incarnation de l’Homme idéal, celui qui sait, qui fait, qui n’a pas peur.
C’est seulement dans ce triptyque pervers narcissique, conjoint victime et amant qu’il peut tout mettre en perspective. Car en réalité, le pervers narcissique ne peut exister seul. Il se définit par sa relation à l’autre sans qui il n’est rien. La victime du pervers narcissique n’est qu’un faire valoir narcissique, parfois social parfois matériel, parfois encore pervers. Et l’amant n’est qu’un moyen de pression et de destruction d’un côté, de domination et de toute puissance narcissique de l’autre.
L’infidélité est donc un parc d’attraction dont le pervers pathologique s’octroie tous les droits d’entrée, sans scrupule ni remords. La morale et l’éthique sont ses dernières préoccupations, et seule sa toute puissance compte. Il est comme un loup en cage qui y aurait enfermé ses agneaux.
Il est donc nécessaire voire vital pour la victime d’une telle situation de ne pas hésiter à faire appel à une aide extérieure. Un soutien pour comprendre, se déculpabiliser et sortir de l’emprise du pervers narcissique. Consulter un thérapeute en ligne est un moyen rapide et accessible de se questionner sur la situation et les doutes, et peut-être de tirer au clair une sombre histoire de manipulation et de souffrance.
4. Contrôle et intimité
Le contrôle pathologique
Le pervers narcissique est dichotomiquement infidèle car il adore le contrôle. En effet, être dans une relation saine signifie le respect mutuel, la réciprocité ou encore les compromis. Hors le pervers narcissique n’y a pas accès. Il ne se reconnaît dans aucun de ces termes et la seule raison pour laquelle il est dans une relation est pour en retirer quelque chose. Un plus, un bonus, une ligne supplémentaire à son CV.
Sans règle prédéfinie de son côté, il prend alors possession du contrôle de la situation. Il affirme sa supériorité illusoire et dicte ses propres règles dans une dictature des plus immorales et inhumaines : absence de respect, inexistence d’empathie, destruction de l’autre et de son intériorité, attaques destructrices. Une existence digne d’un champ de bataille dont il est le général de guerre.
Rappelons à cet effet, que les relations saines devraient être basées sur l’écoute et l’empathie, l’harmonie et le soutien réciproque, et enfin, l’amour. Et que c’est ce qui rend le pervers narcissique déshumanisé : il est vide de ces caractéristiques, pourtant fondement de l’humain. C’est également ce qui fait de lui un individu dangereux et pathologique.
L’intimité du pervers narcissique
Difficile à croire, mais les pervers narcissiques sont terrifiés par l’intimité. Ils valsent entre rapprochement et mise à distance immédiate. Ils soufflent le chaud et le froid, séduisent puis repoussent.
Dénués de sentiments et de ressentis, l’intimité est donc une situation qui les terrorise inconsciemment profondément. Car l’intimité est un mode de communication, un mode d’intéraction avec l’autre...dont le pervers manipulateur pathologique est incapable. Hors quoi de plus rageant que de percevoir ce à quoi nous n’avons pas accès ? C’est en réalité plus profond encore, car les sentiments de la victime sont même un élément déclencheur de la fin de la lune de miel ! Cela le renvoie à son propre vide intérieur, chaotique et à un fil de la folie. C’est le fil d’Ariane du début de la martyrisation et de la descente aux enfers : quiconque ose s’attacher, s’apprête à souffrir de plus belle. Un point que la consultation d’un thérapeute en ligne permet d’éclaircir et de surmonter.
En réalité, le pervers narcissique n’envisage aucune forme d’intimité. L’intimité, comme l’infidélité du pervers narcissique est une forme de manipulation et comme nous l’avons vu précédemment, de faire valoir narcissique. C’est un outil comme un autre dans la mise en œuvre de sa perversion narcissique et de l’extraction de sa jouissance. C’est un jeu de rôle sans pareil, dont il incarne les personnages avec attention et retrait.
Enfin, passer d’une conquête à une autre, est un approvisionnement narcissique sans limite. Le pervers narcissique aime par-dessus tout les situations complexes et sans dessus dessous. Plus sa victime est difficile à séduire, plus sa récompense narcissique est grande. Plus la situation est entremêlée, plus le pervers polymorphe y retire de la nourriture narcissique : femme mariée, collègue de bureau.. Un Don Juan 2.0.