Ce n’est plus un mot étrange ou une pathologie inconnue. La perversion narcissique est une pathologie de plus en plus décrite. De nombreuses victimes témoignent sur les plateaux télévisés, sur les groupes d’entraides ou encore dans des ouvrages.
Aucun milieu n’y échappe : au travail, dans le couple et même dans la famille, les pervers narcissiques se cachent dans les moindres recoins.
Manipulation, emprise, isolement, culpabilité et descente aux enfers, les victimes de ces manipulateurs professionnels ne sont pas épargnées. Les victimes témoignent à coeur ouvert de leurs histoires, de leur subjectivité et de leurs blessures encore parfois toutes fraîches.
Découvrez le témoignage de six victimes de pervers narcissiques, dont l’histoire de vie a été bouleversée par la rencontre avec un individu hautement toxique. Des témoignages édifiants, qui aideront peut-être certains d’entre vous à comprendre l’amplitude perverse de ces vampires émotionnels.
Christine*, 43 ans, “Au bout de huit mois, son comportement a commencé à changer.”
J’aimerai que ce cri du cœur vous atteigne, qu’il vous mette en garde et qu’il vous touche. Je m’appelle Christine, j’ai 43 ans et j’ai été mariée à un pervers narcissique pendant 8 ans.
J’ai rencontré Jérôme en boîte. Il était beau, charmeur, attentionné et c’était un danseur hors pair. On s’est très vite installés ensemble, tout est allé très vite. Ma famille a tout de suite adoré Jérôme, et on a donc décidé de se marier rapidement afin d'officialiser les choses.
Nous sommes partis à Agadir dans un complexe 4**** pour célébrer notre union. Une lune de miel idéale sans accroc. A l’époque j’en étais persuadée : Jérôme était l’homme de ma vie. Il me traitait comme sa princesse et a été mon plus grand soutien lorsque, par un concours de malchance, j'ai perdu mon travail quelques jours après notre rencontre.
Malheureusement j’ai compris avec le recul l’illusion dans laquelle j’étais plongée. Au bout de huit mois, son comportement a commencé à changer. Quelques remarques sur ma nourriture, celle qui le faisait tant saliver quelques jours auparavant. Puis les remarques sur mon physique ont fusé, devenant de plus en plus intenses. “Comme tu as grossi...tu ne prends plus soin de toi” ou encore “J’ai fait le tri dans ta garde-robe, j’ai enlevé tout ce qui te rendait grosse et moche”. J’avoue qu’à l’époque je n’ai rien compris à son renversement d’attitude si soudain et si insidieux. Je me suis dit qu’il traversait probablement une mauvaise passe, une crise de la quarantaine anticipée.
J’en ai parlé à ma sœur Julie, ma plus grande confidente et mon soutien depuis toujours. Elle m’a conseillé de lui parler, mais à chaque fois que j’essayais, il rejetait la faute sur moi. J’étais celle qui le rendait malheureux, celle qui faisait tout mal, celle à cause de qui la situation était comme elle était. Puis au bout de quelques mois, j’ai coupé les ponts avec ma sœur. J’étais persuadée que Jérôme avait raison, que j’étais la personne néfaste à notre relation et que ma sœur Julie m’avait menée en bateau pour m’éloigner de lui.
La descente aux enfers n’a alors fait qu’empirer. Remarques verbales, violence psychologique, mensonges, chantages. Jérôme m’est tombé dessus comme une salve pendant des années. J’ai quitté mon emploi, dépressive.
Il m’a alors fallu un coup du destin, une lumière dans le brouillard. Ma sœur Julie s’est mariée, et je n’ai pas assisté aux premières minutes de la cérémonie : Jérôme me l’avait interdit. Mais en me rappelant les souvenirs passés avec ma sœur, ma meilleure amie de toujours, j’ai compris. J’ai couru au mariage et Julie s’est jetée dans mes bras en pleurs, tremblante. Notre étreinte fraternelle a duré plus de minutes que je ne me rappelle.
Je lui ai tout raconté, comme si enfin je voyais clairement la situation. Je ne suis plus jamais retournée chez lui, et je ne l’ai plus jamais revu. Julie a été mon phare dans la tempête, et j’ai maintenant pu mettre des mots sur ce que m’a fait subir ce manipulateur pervers narcissique.
Lola*, 24 ans, “J’ai compris grâce à la thérapie que ma mère était une perverse narcissique”
Parfois je me questionne encore sur le sens de la vie, sur la place du destin, sur les synchronicités parfois terribles et injustes de notre passage sur terre. J’espère ne pas vous perdre dans mes questionnements incessants mais je souhaite partager mon histoire et peut-être aider des jeunes femmes à se libérer de leurs mères toxiques.
Je souhaite revenir sur mon enfance, car il paraît que c’est dans l’enfance que tout prend racine. En réalité, je ne me souviens pas d’un moment d’enfance où j’ai pu être heureuse. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été déprimée. J’ai connu les bas-fonds du désespoir et je suis aujourd’hui persuadée que ma construction en tant qu’être humain et que femme en devenir a été plus qu’altérée.
J’ai grandi avec mes deux parents, mais seule ma mère était présente. Elle décidait de tout pour moi : de mes vêtements, de mes coupes de cheveux, de mes amis en passant par ma scolarité. Elle voulait le meilleur pour moi, des 20/20 sinon rien. Quand bien même j’étais première de la classe, ce n’était jamais assez, j’aurai toujours pu faire mieux, je n’étais qu’une incapable.
J’ai passé toute ma vie dans l’ombre de ma mère. Mon père ne parlait pas ou que très peu, et je l’ai compris plus tard. L’amour pour sa mère est inconditionnel, et je lui donnais toujours raison : sur le papier, elle voulait le meilleur pour moi et je devais l’écouter.
Après mon lycée j’ai intégré une prépa littéraire, puis l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Maman connaissait du monde et je n’ai eu aucun mal à y rentrer. En montant sur Paris j’ai pris mon appartement et je suis tombée du 56ème étage. Personne d’autre n’était comme moi. Mes camarades sortaient, étaient libres, et moi, je ne savais pas qui j’étais. Je n’avais jamais eu d’ami ni de petit ami, je n’avais jamais fait une seule soirée ni porté de talons aiguilles. Durant mon stage de 1ère année à l’ENA, j’ai rencontré quelqu’un. Marc* a semblé m’apprécier, et je me suis confiée à lui. Il m’a pris sous son aile et nous nous sommes fréquentés pendant quelques mois.
J’ai voulu le présenter à ma mère aux vacances de Noël, mais ce fut un désastre. Elle a été exécrable et a tout fait pour nous séparer. Je vous passe les détails de ses crises d’hystérie plus que terrifiantes et de ses manigances dont même la DGSE ne saurait identifier.
En rentrant sur Paris, Marc m’a proposé d’entamer une thérapie avec une psychologue spécialisée dans la perversion narcissique avec qui il était allé au lycée.
Ce fut le début de ma deuxième vie. J’ai compris grâce à la thérapie que ma mère était une perverse narcissique, et que j’ai subi toutes ces années son emprise. Je suis aujourd'hui toujours en analyse, et je me construis petit à petit. Je me questionne, je me cherche, je me libère des chaînes de ma mère, qui sous couvert d’être ma génitrice, m’a fait vivre l’enfer.
Clémentine*, 37 ans, “J’ai perdu 12kg en 2 mois. Je n’avais plus que la peau sur les os.”
Bonjour, je m’appelle Clémentine et j’ai 37 ans. Je souhaite aujourd’hui vous raconter la rencontre avec un pervers narcissique, qui a failli me tuer.
Tout a commencé sur mon lieu de travail. Je suis arrivée à 24 ans à Paris dans la grande tour d’une banque. Je suis aujourd’hui toujours en procédure judiciaire 13 ans après, et chacun de mes mots pourraient me couter cher face à cet individu nuisible.
Après mon école de commerce, je suis rentrée dans une grande institution. Ce genre d’institution pour laquelle n’importe qui donnerait sa vie. J’ai accédé aux bureaux de trading, le Graal de ma promo. Je suis à l’époque jeune, dynamique, pleine de talent. Mes supérieurs et mes collègues m’ont rapidement fait confiance et donné de plus en plus de responsabilités. Le monde de la finance et des marchés est pourtant rarement accueillant aux jeunes sortants d’écoles, et encore moins au sexe féminin.
Noyée et boostée par les compliments et les encouragements, j’ai donné le meilleur de moi. Les résultats n’ont fait que croître et on m’a changé de département, un étage plus haut, afin que je passe au niveau supérieur. Une promotion comme on n’en fait pas deux en début de carrière. Je rencontre mon nouveau supérieur un vendredi soir. Il est charismatique, sportif et très séduisant. Tout l’étage de ce bâtiment l’adore. Mais quelque chose coince. Quelques semaines seulement après mon arrivée, il me convoque à son bureau, et c’est la descente aux enfers.
Il me pousse dans mes performances, me fixe des tâches inatteignables. Sans surprise, j’échoue dans ces tâches pittoresques et il me menace. Il me crie que je ne suis qu’une fille pourrie gâtée et que je n’ai pas ma place ici. Il me menace de me faire remplacer, alors je redouble d’effort. Je tente d’en parler à quelques collègues qui me disent que j’interprète mal, qu’il est si gentil et attentionné qu’il ne ferait jamais une chose pareille. Je commence alors à me dire qu’après tout c’est le métier qui veut ça et que je suis incapable.
J’ai perdu 12kg en 2 mois. Je n’avais plus que la peau sur les os. La charge de travail était si forte que je ne dormais plus, que je ne mangeais plus et que je n'étais que l’ombre de moi-même. Je n’avais qu’une envie : que tout s’arrête. Mais j’étais prise dans une spirale infernale et je n’avais plus d’énergie. J’ai décidé d’aller voir le psychologue du travail qui a tout de suite été alerté. Nous avons échangé puis il m’a conseillée d’en parler avec mon supérieur. Ce que j’ai naïvement fait. Il m’a dit que j’étais lâche, m’a accusée de mensonges et de traitrise. Je lui ai exposé que je ne voulais même plus vivre. Il m’a dit que c’était une bonne décision et que je ne manquerai à personne.
J’ai quitté le bureau en larmes, cette phrase me hantait. Sur le quai du RER qui me ramenait chez moi, j’ai fait le pas de la fin vers les rames. J’étais à bout. Une grosse lumière et un bruit assourdissant sont les seules choses dont je me souviens. J’ai passé 5 mois à l’hôpital et entamé une thérapie. Je suis aujourd’hui cuisinière dans un restaurant de province, et il m’aura fallu des mois de thérapie pour comprendre que j’ai dû faire face au pire animal sur terre : le pervers narcissique.
Marie*, 29 ans, “Les semaines ont passé et j’ai vidé mon Livret A pour elle : plus de 45 000 €.”
Je m’appelle Marie et j’ai 29 ans. Je suis célibataire et j’ai pour habitude de sortir tous les week-ends avec mon groupe d’amis. Je vais presque tous les jours m’asseoir dans des cafés, seule ou accompagnée. J’aime croquer la vie à pleine dents !
Il y a deux ans, fin Juillet, je suis allée dans un Beach Bar avec mes amies. On a commandé quelques verres, et une femme nous a accosté. Elle était seule et cherchait à s’asseoir à une table pour discuter. On l’a bien sûr acceptée. Elle avait une prestance folle à faire trembler n’importe quelle Miss France. Elle s’est assise à ma droite et nous avons fait connaissance. C’était une personne fantastique, enthousiaste, cultivée, ouverte d’esprit et très blagueuse. On partageait les mêmes centres d’intérêts, et on a très vite commencé à sortir ensemble, au restau, se promener, faire du shopping. On a très rapidement tissé des liens très forts.
Quelques mois plus tard, je fêtais mon anniversaire. J’ai organisé une super fête. Parents, amis, voisins : tout le monde était convié ! J’ai revu d’anciennes connaissances, on a bu, dansé à n’en plus pouvoir. Mais quelque chose clochait. Cette fameuse amie ne m’a pas adressé un mot de la soirée. Je suis allée la voir à plusieurs reprises, mais elle me répondait que je ne m'intéressais pas à elle, que je l’avais laissée seule. Une vraie crise de jalousie. J’ai culpabilisé toute la fin de la soirée, je me suis sentie nulle et trahie à la fois. Tout le contraire de la personne que je suis. C’est là que tout a basculé. La descente aux enfers.
Pendant des mois elle m’a accablé de reproches et de critiques, mes parents n’étaient pas bien, mes amies non plus, mon travail rabaissant, et mon corps ridicule. Pour un oui ou pour un non, tout ce que je faisais était nul. Et pourtant parfois, j’étais la personne parfaite à ses yeux. Une relation en dents de scie. Puis elle a commencé à me demander de l’argent pour la dépanner suite à la soi-disant perte de son emploi. Ce que j’ai fait. Mais les sommes n’ont fait qu’augmenter et se rapprocher. Quand je lui demandais à quoi tout cela lui servait, elle restait floue et ses réponses étaient toujours vagues. Les semaines ont passé et j’ai vidé mon Livret A pour elle, plus de 45 000 €. Sans plus aucune épargne, j’ai dû retourner chez ma mère. J’étais détruite, lessivée à bout. J’ai éteint mon téléphone. Elle m’a harcelée, m’a suppliée de continuer à l’aider, mais je n’avais moi-même plus rien. Je culpabilisais tellement je n’en dormais plus la nuit, c’était devenu une obsession.
C’est ma mère qui s’est rendue compte de son manège. Elle m’a embarquée un soir de force dans la voiture et m’a emmenée chez le médecin. J'ai hurlé comme une gamine de huit ans. J’ai hurlé, hurlé. Le médecin m’a redirigé dans l’heure chez sa confrère psychiatre qui n’a pas pris longtemps avant de m’expliquer à qui j’avais eu à faire : une perverse narcissique.
Je me reconstruis encore aujourd’hui mais je peine à me relever de cette blessure qui m’a détruite et qui a détruit ma vie entière. Je ne l’ai plus jamais revue, et je n’ai plus jamais revu mon argent. Avec elle s’est envolé ma joie de vivre, et je ne sais plus par où commencer.
Julie*, 19 ans, “Sans que je ne m’en rende vraiment compte, notre relation a viré de bord”
J’ai fait la rencontre d’un pervers narcissique à la fac. C’est en rentrant en première année d’histoire de l’art que cette rencontre a failli me tuer.
A la rentrée des classes vous ne connaissez généralement personne, et c’était mon cas. La première personne que l’on rencontre devient souvent votre ami et votre binôme de travail dans l’amphithéâtre. Cet ami s’appelait Thibault. Un grand blond assez imposant. J’avoue que je suis tombée sous son charme assez vite.
C’était un beau parleur qui aimait se sentir aimé des autres. Voulant lui rendre service je l’ai rapidement aidé à réviser car il avait quelques difficultés dans certaines matières. Cela lui était très bénéfique. Il avait beaucoup de mal à se concentrer et il m’a avoué avoir rencontré énormément de difficultés pendant son enfance. J’ai donc fait un petit peu plus pour lui et je lui ai proposé de l’aider encore et toujours plus.
Le jour des examens après qu’il ait eu une super note, il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit “Tu sais si cette note c’est grâce à moi, moi et moi seul Marie”. Je me suis bizarrement sentie trahie car à ce moment-là cette réussite nous revenait à nous deux. J'ai passé tellement de temps à l’aider. Puis il a changé de conversation.
J’ai vu un nouveau visage de lui dans les semaines qui ont suivi. Il faisait passer sa réussite avant tout, et n’hésitait pas à écraser les autres pour atteindre ses objectifs. Autant dans la vie de tous les jours qu’à la fac. J’ai essayé de le comprendre car je suis assez conciliante avec les autres et je n’aime pas me fâcher.
Je lui ai pardonné d’être maladroit. J’ai l’impression que c’est à ce moment-là qu’il a compris qu’il avait de l’emprise sur moi. Je n’aurais jamais dû lui accorder cet espace… ça a été le début de l’enfer pour moi et c’est à ce moment-là que tout a dérapé. Sans que je ne m’en rende vraiment compte, notre relation a viré de bord.
Il m’a invitée chez lui régulièrement. Il m’a forcée à coucher avec lui en prétextant que j’étais la seule fille potable de la promo. Je me suis sentie rabaissée en rentrant chez moi, je me suis mise à pleurer, je me suis dit qu’il avait sûrement raison. Que je devais vraiment n’être que cette fille la plus potable de la promo, celle que l’on choisit au hasard et avec lequel on fait son affaire.
Étant la seule connaissance que j’avais à la fac (qui était dans une ville différente de laquelle j’habite avec mes parents) je n’avais donc que lui car dès le début nous avions vécu une relation privilégiée comme on n’en fait pas deux. Un soir il m’a invité à faire un repas en tête-à-tête. Je l’ai surpris avec une autre étudiante de la promo. Je me suis sentie dévastée, trompée, humiliée. Je suis rentrée chez moi en pleurant sous la pluie. Je me suis retrouvée seule chez moi, face à moi-même, face à des peurs. Plus rien n’allait, j’étais au fond du trou, dépressive, anxieuse. Je me suis retrouvée seule, et noyée sous le travail de fin de semestre.
Je me sentais bizarrement coupable, trompée, perdue. Il avait raison, s’il était allé voir ailleurs c’est que j’étais nulle. Je n’étais finalement que son jouet. Puis j’ai vu devant moi une boîte de calmants et de somnifères, prescrits par mon médecin. J’ai pris un cachet, puis deux, puis trois, et j’ai commencé à divaguer. J’étais à bout de force et je me suis endormie.
Il m’a appelée des dizaines de fois se confondant en excuses. Il m’a dit qu’il m’aimait, que j’étais la personne la plus importante de sa vie. J’ai craqué mais tout a recommencé de plus belle. J’ai menacé de le quitter mais il m’a plaqué contre le mur de la salle de bain. J’ai hurlé et j’ai réussi à m'enfuir. J’ai appelé mes parents et je n’ai plus jamais remis les pieds dans cette ville. Il a continué pendant plus d’un an à me harceler via les réseaux sociaux, en changeant de téléphone et même en retrouvant mon adresse !! J’ai aujourd’hui porté plainte, et je suis dans l’attente d’une réponse. J’ai pourtant été mise en garde, il semble avoir réussi à retourner les faits contre moi.
Vincent*, 47 ans, “C’est grâce à mon ex-femme avec qui j’entretenais toujours de bons rapports pour les enfants que j’ai pu m’en sortir.”
Nous sommes encore peu d’hommes à témoigner mais je suis persuadé que mon récit pourra en encourager d’autres à se livrer et peut-être réaliser la situation terrible dans laquelle ils se trouvent. Je m’appelle Vincent et j’ai 47 ans. Je vais vous raconter l’histoire récente que j’ai traversée.
En 2017, j’ai été victime d’une perverse narcissique. A l’époque, j’avais tout dans la vie pour être heureux. Une femme magnifique, deux beaux enfants, un travail qui me plaisait dans la ville de mon choix.
Un jour j’ai fait la rencontre de cette femme sur mon lieu de travail. Une consultante est venue faire une intervention afin de nous apporter quelques qualifications et formations supplémentaires. Jusque-là, tout est normal. Cette femme était d’une prestance incroyable. Elle était sûre d’elle, resplendissante et son style vestimentaire n’a laissé aucun de mes collègues indifférents. A la pause on se taquinait : qui de nous lui décrocherait le plus de sourires. Je me suis également prêté au défi, après tout ce n’était qu’un jeu.
Au bout de quelques semaines à la fin de sa mission, j’ai réellement eu l’occasion de faire sa connaissance. En discutant avec elle, je me suis rendue compte que nous avions souvent les mêmes centres d’intérêt, ce qui n’est pas chose facile car croyez-moi, j’ai des opinions bien arrêtées et il est difficile de me faire changer d’avis.
Je me suis laissé prendre malgré moi. Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé. J’ai commencé à avoir des sentiments et tout s’est passé si vite que je n’ai pas eu le temps de réaliser la situation dans laquelle je m’étais mis. Elle avait également un mari et nous avons commencé à nous voir en dehors du travail, boire quelques verres de plus en plus régulièrement.
Puis un jour elle m’a annoncé qu’elle était prête à tout avouer à son mari. Mon attache était si forte que je lui ai dit la même chose. Ma femme et moi nous sommes séparés et j’ai changé de logement. De son côté toujours rien, elle attendait le bon moment et me racontait à quel point elle avait mal vécu la séparation de ses parents lorsqu’elle était encore jeune. J’ai compris.
Mais très vite elle a trouvé énormément de reproches à me faire, à moi et mes enfants. Nous n’étions pas assez bien pour elles, dans tous les sens du terme. J’ai donc changé de coiffure, et j’ai même démissionné pour ne me consacrer qu’à elle. Puis tout est reparti pour le pire. Critiques, mensonges, piques envoyés de tous les côtés. Quand je tentais de dialoguer je n’avais face à moi qu’un mur froid, ou parfois même une vraie victime trahie et blessée. Elle changeait constamment de sujet de but en blanc, et je n’avais plus d’importance à ses yeux. J’ai tenté de lui faire des cadeaux mais rien n’était jamais assez bien. Je ne savais plus sur quel pied danser, j’étais vidé.
C’est grâce à mon ex-femme avec qui j’entretenais toujours de bons rapports pour les enfants que j’ai pu m’en sortir. Elle a vite identifié le problème et m’a rapidement fait comprendre que je n’étais plus le même et que je devais me faire aider. J’ai pris conscience des choses et j’ai pensé à mes enfants. C’était eux qui comptaient le plus à mes yeux et je devais à tout prix les protéger. J’ai déménagé et je me suis fait aider par un professionnel. Elle a continué de me harceler, me menaçant de me détruire et de détruire ma carrière. J’ai puisé ma force dans leurs rires et leurs regards, et j’ai porté mon histoire.
J’ai l’impression de revivre aujourd’hui, mais le chemin est long. Je ne suis pas prêt à me remettre en couple, et ma seule priorité restera dorénavant mes enfants.